Restauration d’un fossé d’abissage à Gouvy

16/10/2019

Informations

Propriétaire, Agraost, FEADER
Agriculture, Aménagement du territoire, Biodiversité, Culture, Développement rural, Environnement, Gestion territoriale, Patrimoine, Société, territorial
Biodiversité restaurée, préservée ou valorisée. (P4A), Erosion des sols maîtrisée ou gestion des sols améliorée. (P4C)
Natagriwal, Agraost, le propriétaire du terrain
  • La réparation des ouvrages d’irrigation va permettre de maintenir les conditions qui ont abouti par un long processus anthropique au développement d’une flore exceptionnelle. Le site ainsi restauré constitue un outil de recherche, mais aussi de sensibilisation à la fois sur la flore, mais aussi sur le patrimoine des anciennes pratiques agricoles. Ce site contribue ainsi à constituer un réseau européen sur les ces pratiques autrefois largement répandues depuis le Portugal jusqu’à la Norvège.

     

  • Depuis plus de 500 ans, une pratique d’irrigation des prés de fauche s’est développée un peu partout en Europe pour assurer une excellente production de fourrage sur des terres peu fertiles. Ce patient travail a permis le développement d’une flore riche et diversifiée dans des régions d’Ardenne belge. Ces pratiques ayant disparu peu après la 2e guerre mondiale, ces sites exceptionnels sont menacés de disparition et leur classement en Natura 2000 ne suffit pas à les sauver. Il faut restaurer les fossés, les dispositifs de gestion de l’eau et la conduite de l’irrigation aux bonnes époques.

     

  • Le site a été restauré grâce à la collaboration des différents acteurs : le propriétaire, l’association Agraost qui a incité à la restauration, la Wallonie et le Feader qui ont financé les travaux (mesure 7.6). Le fermier locataire est également impliqué car il assure l’entretien de la prairie. 

     

    Le site aurait été aménagé initialement en 1860 et aurait été soumis à la pratique d’irrigation et de fauche tardive sur les deux versants de la vallée du Ruisseau des Fagnes. L’irrigation réchauffait les sols au printemps et apportait des éléments minéraux, ce qui permettait une importante production de fourrage. La pratique aurait été maintenue jusqu’aux environs de 1914.

    100 ans plus tard, la prairie montre toujours une flore très spécifique. Toutefois la forêt risque de reprendre la place. En 2010, des études sont menées à l’Université de Liège et par Agraost, une association qui promeut les prairies. Le canal est remis en fonction.

    Depuis 2013, le site fait l’objet d’une MAEC, la mesure 10.C4 « prairie à haute valeur biologique » appliquée par le locataire avec l’encadrement technique de Natagriwal. En 2016 et 2017, des travaux sont mis en place pour restaurer le fonctionnement du fossé avec un financement du PwDR (mesure 7.6) : dégagement des arbres et buissons, restauration du canal et des ouvrages de retenues d’eau. Chaque année, un inventaire botanique est mené. 

     

    On peut y retrouver jusqu’à 50 espèces différentes alors qu’on en retrouve à peine une dizaine dans les prairies de fauche pâturées. « On y compte notamment la présence de deux espèces remarquables à l’échelle wallonne qui sont l’écuelle d’eau (Hydrocotyle vulgaris), plus petite ombellifère de Wallonie, et la wahlenbergie (Wahlenbergia hederacea) ».

     

  • Les bénéfices économiques concernent la production de fourrage sans apport d’engrais, mais cela constitue une faible compensation. Mais la pratique de la fauche tardive justifie le paiement d’une compensation environnementale de 450/ha.

     

    Les réels avantages sont essentiellement environnementaux puisqu’une flore très particulière est maintenue. La prairie est classée comme site de grand intérêt biologique et l’intervention vise à restaurer une flore très particulière, menacée par les dépôts de scories du passé qui ont induit une mobilisation de l’azote et du phosphore. Depuis 2017, un inventaire botanique annuel est réalisé. On peut trouver jusqu'à 50 espèces différentes alors qu'il en existe à peine une douzaine dans les pâturages habituels. Il existe notamment sur le territoire wallon deux espèces remarquables: l'hydrocotyle des marais (Hydrocotyle vulgaris), le plus petit ombellifère de Wallonie, et la campanule à feuilles de lierre (Wahlenbergia hederacea). La faune a également trouvé un habitat intéressant et le site est visité par des cigognes noires et des amphibiens.

     

    Au plan social, les travaux ont permis de mettre en évidence une pratique ancestrale de gestion des prairies qui étaient très répandues en Ardennes jusqu’au début du 19e siècle. Le site est un lieu de promenade pour les naturalistes.

     

  • Cette restauration est l'aboutissement de nombreuses années de travail. Dédiée à la restauration d'un fossé d'irrigation des prés, elle ne concerne qu'une petite superficie, moins de 8 ha. En réalité, cette pratique fait revivre une tradition multi-centenaire existant dans toute l'Europe et qui a produit au fil du temps des prés à la flore extrêmement riches. Dans les Ardennes belges, les techniques des prairies de tonte à moyenne et basse altitude (Index Eunis 2.2) et des prairies à haute altitude (Eunis 2.3) sont dérivées de cette technique. C'est à la fois une richesse de la biodiversité et un patrimoine humain.

     

     

  • La restauration d’un tel site suppose l’accord du propriétaire qui doit accepter une baisse de production. La réduction des intrants permet certes des économies, mais la compensation financière pour les pertes de revenus n’est intéressante que si la prairie peut être reprise sous une mesure agroenvironnementale de type C4 (à haute valeur biologique, suivie par un conseiller, avec une compensation de 450€/ha), sinon elle ne peut être déclarée par le fermier que en type B2 (prairie naturelle, couverte par une compensation de 200€/ha).

    En outre, il faut généralement investir dans certains travaux. Si les travaux sur site peuvent lui permettre de devenir une ZGIB (zone de grand intérêt biologique), la mesure 7.6 du PwDR peut couvrir 100% de ces travaux, y compris la réalisation du dossier. Pour plus d’info sur les SGIB, voir en cliquant ici.  

  • 10 677€ au total, soit,

    1 210€ PwDR ( 726€ FEADER et 484€ Région Wallonne)

    9 467€ de financement régional en 2013

     

  • Comme on l’a vu plus haut, ce genre d’aménagement peut bénéficier d’aides diverses récurrentes, ce qui garantit généralement leur maintien, d’autant que leur valeur patrimoniale augmente avec le temps.

    Par contre, les investissements supposent des interventions régulières d’entretien (clôtures, re-creusement, débroussaillage…) qui ne sont généralement pas couvertes par des aides.

     

  • D'autres sites présentent les mêmes vestiges en Wallonie : dans la vallée de la Holzwarche, autour de Bertrix ou sur le plateau des Tailles ... En fait, il y a plus d'un siècle, la plupart des Vallées des Ardennes belges abritaient ce type d'irrigation et de nombreux sites ont gardé des vestiges.

    Plus précisément, il est prévu de restaurer un deuxième site dans la communauté germanophone (commune de Bullange). Cela permettrait de proposer un site dans chaque région de Belgique (la Flandre a déjà un site à Lommel-Kolonie) et de pouvoir demander la reconnaissance de ces dispositifs et leur protection à l'UNESCO, ce qui est un autre objectif du projet.

     

  • Ce type d’aménagement existait autrefois un peu partout en Europe, le site pourrait entrer dans un réseau européen de ces dispositifs. Il existe un musée des bisses en Suisse qui réunit une bibliographie importante et un ouvrage français récent en fait l’historique un peu partout en Europe (water-works au Royaume-Uni, Wässerwiesen ou Flüxwiesen en Allemagne, marcita en Italie, Vloeiweden en Flandre). De ce fait, ce type d’investissement pourrait faire l’objet d’une démarche européenne.

  • Natagriwal 

    Huber Bedoret

    hbedoret@natagriwal

    010/47.37.71

    Croix du Sud, 2 - boîte L7.05.27, B-1348 Louvain-la-Neuve

     

  • BP_Restauration d un fosse d abissage a Gouvy.pdf